mardi 25 septembre 2018

Le chapitrage de votre roman

Cette semaine, intéressons-nous au chapitrage de votre roman c'est-à-dire le découpage de votre roman en chapitres.
C'est un aspect fondamental dans un livre. Pourquoi ? J'y répondrai ci-après. Ainsi qu'aux questions suivantes : quelles sont les idées reçues sur les chapitres ? quand convient-il de passer à un nouveau chapitre ? que faire si je ne sais pas quand changer de chapitre ? faut-il nommer vos chapitres ?


Le rôle des chapitres

Le chapitrage permet de se repérer dans l'histoire.
Cela concerne aussi bien l'auteur que le lecteur.
Pour l'auteur, c'est un moyen de structurer son récit, de ne pas partir dans tous les sens, de dévoiler ce qui doit l'être au bon moment et pas quand il y pense.
Pour le lecteur, cela l'aide à savoir où il en est de l'histoire.

Le chapitrage permet de marquer un changement de lieu, de moment, de point de vue, de focus.
Par exemple, le flic de votre polar mène son enquête. Il découvre un élément sur la scène de crime. L'instant d'après, vous racontez le meurtre d'un nouveau personnage perpétré par le tueur. Il conviendrait de séparer les deux, d'en faire deux chapitres car il y a à la fois un changement de lieu (l'assassin ne tue pas sa victime là où est le flic sans quoi il risque de se faire arrêter) et de focus (l'histoire se focalise sur le flic puis sur le meurtrier).
Autre exemple : dans ses romans formant la trilogie Le livre du temps, Guillaume Prévost raconte des événements se déroulant de nos jours et d'autres qui ont lieu plusieurs siècles avant. A chaque changement d'époque correspond un nouveau chapitre.

Le chapitrage permet aussi de "prendre le lecteur par la main".
Vous connaissez votre histoire. Pas votre lecteur. Un chapitre permet de guider celui-ci pour, éventuellement, qu'il fasse une pause au moment où vous le voulez, sans casser le rythme de votre histoire.

Le chapitrage permet d'éveiller le suspense.
Un moment de suspense, un nouveau mystère, un questionnement. Trois raisons qui peuvent inciter à changer de chapitre. Le changement n'a alors pas pour objet d'inciter le lecteur à faire une pause (comme dit au-dessus), mais, au contraire, de lui donner envie de continuer.


Les idées reçues sur les chapitres

En cherchant sur le net, j'ai découvert que certains avaient des idées reçues sur le chapitrage. Je vais essayer de les lever.
Les chapitres doivent tous avoir la même longueur.
Faux. Certes, un chapitre de 2 pages n'est pas très opportun. Mais rien n'empêche qu'un chapitre en fasse 10 et le suivant 30. Du moment que cela sert l'histoire.

Il existe un nombre idéal de chapitres pour tel ou tel genre de roman.
Là encore, c'est totalement faux.
Je lis beaucoup de romans policiers. Certains comptent 20 chapitres, d'autres le doublent. Idem pour les romans fantastiques dont je suis aussi friand.
C'est l'auteur qui détermine le nombre de chapitres en fonction de son histoire.

Un chapitre ne doit pas se couper au milieu d'une scène.
Pour la troisième fois, je dis faux. Certes, il vaut mieux l'éviter. Mais parfois, cela peut être très opportun.
Par exemple, dans un polar, votre héros est face au tueur. Celui-ci le braque avec un revolver. Il appuie sur la détente. Fin du chapitre. La suite dans le prochain. Vous ne trouvez pas que ce découpage est intéressant, qu'il fait monter le suspense. Perso, je réponds oui.


Quand convient-il donc de passer à un nouveau chapitre ?

Il n'y a pas de réponse toute faite. Cependant, la partie Le rôle des chapitres permet de tirer quelques règles.
Découper au moment d'un changement dans l'histoire.
L'histoire se passe dans un nouvel endroit, à un autre moment ou sous un nouveau focus (vous racontez ce qui arrive à un personnage puis vous passez à un autre). Peut-être serait-il judicieux de changer de chapitre. Certes, ce n'est pas une règle absolue, mais il convient d'y réfléchir.
Par contre, si vous changez de narrateur ou de point de vue, là, le changement de chapitre est quasi-systématique. Par exemple, dans mon roman Le fils de Sekhmet, chaque chapitre correspond à un narrateur différent.

Découper pour faire une pause.
Vous venez d'écrire plusieurs pages où l'histoire est relativement calme. Or, dans les pages qui suivent, l'action revient, le suspense s'intensifie. Pourquoi ne pas faire un changement de chapitre ? Le lecteur sera incité à faire une pause, à attendre le lendemain pour continuer sa lecture où il plongera dans l'action.

Découper pour susciter le suspense.
Vous arrivez à un moment-clé de votre histoire. Par exemple, vous découvrez un indice important pour la suite d'une enquête policière. Ou l'un des personnages est sur le point de se faire tirer dessus. Pourquoi ne pas changer de chapitre ? Cela fait monter le suspense et est un bon moyen pour garder votre lecteur en appétit et l'inciter à poursuivre de suite sa lecture.


Je ne sais toujours pas quand changer de chapitre

Dans ce cas, ne vous en souciez pas. Ecrivez votre histoire. Quand vous changez de lieu, d'époque, de jour, ou que vous êtes à un point de suspense, faites une marque dans votre texte.
Quand vous avez terminé, relisez tout. Comme vous avez enfin une idée complète de votre histoire, il vous sera dès lors beaucoup plus facile de choisir où et quand la découper.
Et si, malgré cela, vous n'y arrivez toujours pas, faîtes comme Jean-Pierre Foucault vous le conseillerait : utilisez un joker et faîtes appel à un ami. Faîtes lui lire votre histoire et demandez-lui quand il pense qu'il serait judicieux de changer de chapitre.


Faut-il nommer vos chapitres ?

La plupart du temps, les chapitres sont simplement numérotés. Cependant, il existe des situations où il peut être intéressant de les nommer.
Pour désigner le narrateur.
Mon roman Le fils de Sekhmet est entièrement écrit à la première personne. Mais je change à plusieurs reprises de narrateur. C'est d'abord untel qui raconte puis c'est unetelle. Je suis donc passé à un nouveau chapitre à chaque changement de narrateur et indiqué comme titre son nom afin que le lecteur sache qui raconte.

Pour désigner le point de vue.
George R. R. Martin, l'auteur de la saga Game of Thrones, nomme aussi ses chapitres avec le nom d'un personnage. Pourtant, son texte est entièrement écrit à la troisième personne. Alors pourquoi ce choix ? Parce que l'histoire est racontée du point de vue de la personne nommée en tête de chapitre. Là encore, l'auteur aiguille le lecteur.

Pour susciter le mystère, le suspense.
Un, deux ou trois mots bien choisis peuvent éveiller le mystère, le suspense, et inciter le lecteur à poursuivre sa lecture. Cependant, il faut être très vigilant : si le titre a pour but d'appâter le lecteur, il ne doit pas trop en dire sans quoi le chapitre perd de son intérêt.

Car c'est courant dans ce type de littérature.
Souvent, dans la littérature jeunesse, les chapitres sont nommés. Moi-même, pour ma série Les Chroniques d'Arkadia, j'ai nommé chaque chapitre. Cela peut tout à fait s'expliquer. En tant que lecteur, en reprenant un livre après une journée de travail, ne vous êtes vous jamais dit "où en étais-je ?". Moi, ça m'arrive tout le temps. Il me faut quelques lignes pour me souvenir. Or, nous sommes des adultes. Imaginez que vous soyez un enfant. Ne pensez-vous pas qu'un titre éveillera plus facilement ses souvenirs ?
Cependant, ce n'est pas parce que tout le monde le fait que vous devez le faire. A chacun son choix.

Je pense avoir fait le tour de la question du chapitrage. Si jamais j'ai oublié un point ou que vous avez une remarque ou une question, utilisez le formulaire de commentaires ci-dessous. Sans oublier de partager l'article sur les réseaux sociaux.

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